Comment oser se lancer dans un truc de longue haleine ? Le meilleur moment c’est maintenant !

Aujourd’hui j’ai envie de parler de cette difficulté que je rencontre parfois, ou que j’entends autour de moi : comment oser se lancer dans un truc de longue haleine, alors que l’on n’a plus tout à fait vingt ans, et qu’on se dit qu’il aurait fallu démarrer beaucoup plus tôt…

Le meilleur moment c’est maintenant

Vous connaissez cette citation (d’origine inconnue, parfois citée comme un proverbe chinois) ?

« Le meilleur moment pour planter un arbre, c’était il y a vingt ans. Le deuxième meilleur moment, c’est maintenant. »

Cette citation me sert dans tous les moments où je me dis qu’il est trop tard pour démarrer (ou arrêter ou changer) quelque chose. Parfois je crois que mon âge est trop avancé. D’autres fois je me dis que la « chose » en question demande un long temps d’intégration et de maturation avant de porter ses fruits. Parfois encore je me dis que j’ai déjà fait beaucoup de chemin alors il vaut mieux continuer ainsi, sans rien changer ni arrêter.

Quelques exemples ?

Voici quelques trucs qui à mon avis demandent un temps fou avant de porter leurs fruits :

  • travailler sur moi (des années de cheminement avant de voir des effets effectifs au quotidien dans les relations personnelles proches)
  • me mettre à épargner, alors que j’ai ai toujours dépensé la majeure partie de mes revenus
  • changer de carrière après un certain âge (je ne précise pas l’âge 🙂 visiblement il n’y a pas d’âge limite qui fait consensus, on se trouve trop vieux·vieille)
  • me mettre à la Communication NonViolente (5, 10, 15 ans d’intégration pour commencer à goûter des trucs un peu cool 🙂 )
  • méditer chaque jour (perso ça m’a pris des années avant d’arriver à une pratique qui est joyeuse et qui porte ses fruits au quotidien)
  • se remettre au sport après 20 ans de canapé
  • démarrer une thèse universitaire
  • fonder un éco-village
  • créer une ferme en permaculture
  • changer d’habitudes alimentaires, prendre soin de sa santé après un certain âge (même remarque que plus haut…)

Voici aussi quelques trucs pour lesquels il peut être difficile d’initier un changement (modification ou arrêt) :

  • une relation qui ne marche pas mais dans laquelle on a énormément investi (en temps, en énergie)
  • idem avec un boulot, un projet : on y a mis tellement de temps et d’énergie qu’on se dit que ça serait du gâchis d’arrêter
  • pareil avec une maison, un chantier, un truc dans lequel on a dépensé tellement d’argent et d’énergie qu’on se sent coincé même si on veut arrêter

Bon, ben ce que je vois la plupart du temps, c’est que ce ne sont que de bonnes vieilles excuses pour ne pas oser se lancer… Alors moi j’aime bien aller écouter et traduire mes excuses. Bah oui, ça me donne beaucoup d’information sur ce qui se passe en moi. Et ainsi ça me donne de la clarté sur les actions à mettre en place si je veux avancer. Je vous propose donc un résumé de ce que j’ai remarqué en écoutant mes excuses.

Aller écouter ce que cachent mes excuses

Dans cette partie on écoute juste les messages, on ira voir un peu en-dessous comment on gère tout ça…

Premier message caché : j’ai besoin d’empathie

Ah ben voilà, c’est la première chose que je trouve derrière mes excuses : j’ai un besoin d’empathie de ouf de n’avoir pas commencé (ou arrêté ou modifié) la chose en question plus tôt. Je suis pleine de regrets, de culpabilité, de « si j’avais su », de « si c’était à refaire ». Bref, j’ai un mal de chien à accueillir que juste là ça fait 20 ans que j’aurais dû planter mon foutu arbre… Je suis dégoûtée de réaliser ça seulement aujourd’hui.

Pour les choses que nous souhaitons modifier ou arrêter et pour lesquelles il vient « j’ai donné tellement de temps, d’énergie, d’argent ou autre », c’est le même genre d’idée. Je suis effarée devant le gâchis et j’ai du mal à encaisser la prise de conscience. Alors je me dis qu’il vaut mieux continuer (sans voir le gâchis supplémentaire que ça génère de le faire). Car continuer est le seul moyen que je trouve pour pouvoir honorer à sa juste valeur tout ce que j’ai mis dans l’histoire. C’est la seule façon pour moi que soit mesurée (ou reconnue) l’étendue de mes efforts.

Deuxième message caché : j’ai peur

Derrière tout ce que je me raconte je trouve souvent une dimension de peur, comme pour la procrastination. J’ai peur des efforts que ça va me demander. Ou encore des difficultés qui seront les miennes, du temps que ça va prendre. J’ai peur d’être trop vieille, trop grosse, trop petite, trop jeune, pas du bon genre, ridicule, bref pas adéquate. A ce stade il m’arrive aussi de douter, est-ce que ça serait si bien que ça, vraiment ? Je me demande aussi si j’en serai capable, si je pourrai dépasser les difficultés, j’ai peur de l’échec. J’ai peur aussi de ne pas savoir faire, d’avoir du mal à demander du soutien. Et ainsi de suite, la liste est infinie.

Comment gérer tout cela ?

Comme d’hab on ne « gère » pas, on accueille ! L’accueil ça va permettre de juste rester là avec ce qui se vit. Je vais lui dire « bonjour et bienvenue ». Je serai là, sans autre intention que d’offrir une présence à mon expérience, à mes émotions, mes ressentis, mes pensées, mes peurs.

Et comme d’hab, cette présence accueillante aura pour conséquence l’apaisement et la reconnexion à mes ressources. Je précise que ça ne marche que si vraiment mon intention était d’accueillir, et non de « gérer » ou de « transformer ce problème ». En effet, mes émotions ne sont pas dupes… Elles savent très bien distinguer l’accueil vrai de l’accueil qui veut se débarrasser du « problème ».

Une fois que j’en serai là, il est vraisemblable que j’aurai de l’inspiration pour passer à l’action. Je pourrai alors utiliser tous mes outils d’intention, de volonté, d’objectifs, de persévérance, de conduite du changement (voir par exemple mon livre !).

S’accueillir avec empathie

Nommer ce qui est là

Je sais pas vous, mais moi rien que de dire « en fait quand je dis tout ça j’ai besoin d’empathie parce truc ou chose », ben ça me fait déjà du bien. Ça peut être nommer ce dont il s’agit réellement, accéder à ma vérité et ma vulnérabilité. Ou encore nommer ce qui pleure en moi, qui regrette ou culpabilise. Tout ça, ça fait déjà un premier pas.

Pour le pas suivant, il existe plein de possibilités. Perso je commence par prendre un temps toute seule, en écrivant pour soutenir le cheminement. En effet, quand je fais ça juste avec les pensées je me perds plus facilement. Ou alors je prends rendez-vous avec quelqu’un pour me soutenir. J’utilise la Communication NonViolente et le Focusing (voir plus bas dans « pour aller plus loin ») comme cadre pour accéder à ce que je vis. J’alterne ainsi des phases d’écriture rapide (où j’évacue tout ce qui veut se dire) et des phases plus lentes où essentiellement je n’écris pas mais je ressens dans mon corps ce qui se vit.

Faire émerger la sagesse corporelle

Mon point de départ n’est pas toujours le même. Parfois ce sont plutôt les pensées (jugements, regrets, culpabilité, exigences, critiques). Parfois ce sont plutôt les sensations corporelles (colère, tension, forte émotion, douleur, zone coincée, malaise un peu flou, drôle de feeling dans le ventre). Dans tous les cas j’écris et je reste avec, en décrivant, en nommant. Si j’en suis capable, je dis bienvenue à tout cela. Si je n’en suis pas capable, soit j’accueille ce qui refuse d’accueillir, soit j’appelle quelqu’un ! Je respire avec tout ça, je reste avec, je lui permets d’être là.

Et petit à petit, en douceur et à mon rythme, accompagnée ou seule, je vais voir quels sont les besoins et les aspirations qui sont en jeu à cet endroit là. Je ne cherche pas avec ma tête, je laisse émerger depuis mon corps, mon coeur, mon intuition. Simplement, je me relie à ma douleur, à ma tristesse de n’avoir pas planté mon arbre pendant les 20 dernières années (ou quoi que ce soit d’autre qui m’habite), à ce que j’aurais aimé vivre et que je n’ai pas vécu (contribuer pour les autres, être authentique, être connectée à mon corps, vivre de l’autonomie, jouer, prendre le temps de me ressourcer, vivre de la tendresse, appartenir à un groupe de gens vivant les mêmes valeurs, etc.). Je prends le temps de rester avec ça. Je prends la mesure de l’étendue de ma douleur de n’avoir pas satisfait les besoins et aspirations qui me sont si chers aujourd’hui. A ce stade là, j’ai un deuil à faire, une douleur à vivre, le deuil de mes aspirations déçues et du gâchis de temps et d’énergies. Ça peut prendre du temps…

Du creux au plein…

Quand je peux, dès que je peux, tout en gardant ma douleur au chaud près de moi, je peux commencer à respirer avec les aspirations que j’ai envie de vivre. Je ne fais rien d’autre que respirer avec, en imaginant (ou me souvenant) que je les vis pleinement, en goûtant les émotions et les sensations que ça génère en moi. En CNV on appelle ça « respirer avec les besoins en plein », c’est une pratique hyper puissante (car elle active aussi la loi d’attraction, mais ça j’en reparlerai dans un autre article). Petit point de vigilance : si j’arrive pas à goûter le plein, c’est simplement que j’ai encore besoin d’empathie. Cela veut peut-être dire que ma douleur veut plus de temps pour elle, que le temps de l’accueil n’est pas fini…

Bon, là j’ai décrit un peu le cheminement quand je suis seule ou accompagnée par quelqu’un qui pratique aussi la CNV et le focusing, mais bien sûr y a plein d’autres options : appeler un·e ami·e, parler à son chat, participer à un groupe de parole, etc.

Après tout cela, émerge souvent en moi quelque chose qui est prêt à agir, à se mettre en mouvement, à passer à l’action. Et c’est là que les peurs se réveillent, alors on y va, on écoute les peurs.

Ecouter le message derrières les peurs

Bon déjà le premier truc à dire et à redire avec la peur, c’est qu’il s’agit d’un ingrédient naturel de la vie humaine. A ce titre on ne va ni la dégommer ni attendre qu’elle parte pour agir ! On apprend plutôt à l’accueillir, à écouter son message et à agir avec elle. Oser se lancer c’est intrinsèquement un truc qui demande du courage. Du coup c’est normal que ça fasse émerger une tonne de peurs, et elles sont toutes à notre service ! Moi j’adore découvrir que derrière chaque peur il y a une information utile. Pour aller plus loin sur ce sujet, on peut se référer au travail de Karla McLaren (réf. à la fin de cet article).

L’essentiel avec les peurs est de pouvoir nommer finement ce qui nous inquiète, d’aller au bout du bout, de tout dire. Parfois on croit avoir peur d’un truc et quand on gratouille on découvre tout autre chose. Ici on va donc écouter en détail chaque peur et mettre des mots précis.

Encore la sagesse corporelle !

Pour que ça ne parte pas en cacahouètes, moi j’aime bien garder mon corps près de moi. Autrement dit je vérifie que ce que dit ma tête est effectivement ce que ressent mon corps. Pour cela, je mets mon attention sur ma zone coeur/plexus/ventre. Puis j’écoute pour voir si ça sonne juste ou si mon corps dit « ben non c’est autre chose ».

Ce garde-fou corporel me permet de trier entre les messages pour lesquels je vais vraiment poser une action et les messages auxquels je vais dire merci bien et c’est tout. Parce que bon quand même, c’est moi le pilote dans l’avion ! La peur est un signal et c’est moi qui décide ce que j’en fais. La peur n’est pas mon dictateur, c’est mon serviteur.

Une fois que j’ai de la clarté sur ce qui me fait vraiment peur, je peux voir quels sont les besoins et aspirations en jeu. Là aussi je vérifie corporellement : est-ce que je sens un déclic, une détente, quand les besoins sont nommés ? Si non, je reste encore avec et je vois ce qui émerge d’autre. Comme pour l’empathie, il vient un moment où je suis capable de passer du creux (besoin ou aspiration pas du tout satisfaite) au plein (en me reliant à combien j’aime vivre cela). Depuis le plein, je retrouve ma créativité, l’inspiration, et j’ai en général des idées de petits pas pour passer à l’action.

Deux exemples

Par exemple, si j’ai peur d’être ridicule en avouant que j’aimerais changer de carrière et tout redémarrer à mon âge, peut-être que derrière ça je vais trouver de la honte, la peur d’être rejetée, d’être seule et perdue. Peut-être qu’associée à cela je trouverais des besoins d’appartenance communautaire ou encore de soutien. Et en respirant avec combien l’appartenance et le soutien sont importants pour moi à vivre, j’aurais peut-être une idée pour aller vivre ça. Par exemple, participer à un atelier de nouveaux auto-entrepreneur·es, faire un stage, rejoindre un groupe facebook. Ou encore appeler une ancienne connaissance qui a pris le même chemin. Ou tout simplement m’ouvrir à quelqu’un qui pourra accueillir ma vulnérabilité.

Autre exemple, si j’ai peur de la quantité d’efforts pour arriver au but, peut-être que derrière tout cela je trouverai en fait que j’ai peur d’échouer, que je ne suis pas certaine d’y arriver, que mes efforts seront peut-être inutiles. Tout ceci me parlera peut-être à la fois d’estime de moi et de l’envie de faire un bon usage de mon énergie et de mes talents. Les actions inspirées qui en découlent peuvent là aussi être très variées : rééducation mentale pour comprendre que chaque pas compte (et pas seulement le but final), que les erreurs et les échecs sont des précieux outils d’apprentissage ; ou peut-être que j’en profiterai pour faire le tri dans ce que je veux vraiment faire, pour identifier mes priorités et centrer mon effort dessus.

On le plante, cet arbre ?

Une fois réalisée toute cette exploration, je suis apaisée, en lien avec mes ressources. J’ai de la clarté sur ce que j’ai vraiment envie de faire, et j’ai même des idées d’actions à poser. Pour vraiment oser se lancer et trouver le courage de planter mon arbre, j’ai personnellement besoin de me souvenir que mon cheminement est un processus qui prend du temps. Mes excuses, ma douleur, mes craintes, mes peurs reviendront certainement. Tout ceci fait partie de mon paysage intérieur. Et c’est ok puisque c’est moi qui suis reine en mon royaume (voir « pour aller plus loin » ci-dessous). C’est moi qui décide d’aller jardiner ma vie, d’être qui je suis, et de vivre la vie que je choisis, en lien avec mes valeurs.

Un dernier mot pour la route : vérifier son intention

J’ai encore dit ça nulle part dans cet article, mais y a un truc fondamental dans tout ceci et c’est « quelle est mon intention ? Qu’est-ce que j’ai envie de vivre ? pourquoi je veux planter cet arbre ? ». Regarder ce que je veux vraiment, et si cet arbre est vraiment la meilleure façon de faire… C’est un tout autre sujet, celui de clarifier mon intention. J’ai d’ailleurs deux articles sur ce sujet (cf plus bas dans « pour aller plus loin »)… Mais en attendant ne soyez pas surpris·e si votre arbre change de tête au fur et à mesure de l’exploration. C’est peut-être simplement que votre intention n’était pas tout à fait ajustée. Alors on s’accroche pas envers et contre tout à l’idée de l’arbre, hein ! On ajuste, on ajuste…

Pour aller plus loin

Articles connexes sur la peur et les blocages :

Articles connexes sur le lâcher prise :

Articles connexes sur l’intention :

Les ressources extérieures à ce site :

— Image by Nico Wall from Pixabay

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