La méditation à l’université (en cours de maths)

Il y a quelques semaines j’ai proposé de la méditation en fin de séance à celles et ceux de mes étudiant·es qui le souhaitaient. Pour le contexte, j’enseigne les mathématiques, et là c’était une séance de cours avec des gens en première année scientifique (filière maths et informatique).

J’avais pas fait de recherches sur internet avant de me lancer, je les ai quand même faites a posteriori, et je n’ai rien trouvé. Peut-être ai-je mal cherché, mais toujours est-il que la seule chose que j’ai trouvée ce sont de vrais cours de méditation, de vraies grosses séances à part entières, de longue durée, parfois proposées dans l’emploi du temps, parfois en dehors, souvent institutionnalisées. Je n’ai pas trouvé de témoignages sur la petite chose que moi j’ai faite : proposer quelques minutes en fin d’une séance d’exercices classiques (de maths ici donc), hors de tout cadre institutionnel.

Du coup c’est ça ma motivation pour écrire aujourd’hui : laisser une trace pour la prochaine personne qui cherchera de l’inspiration sur internet 🙂

L’essentiel selon moi : poser le cadre très clairement

Je suis super sensible à la liberté de choisir de faire ou pas une activité à l’université, que ce soit assister à un cours, venir au tableau, prendre la parole en public ou quoi que ce soit d’autre. Il est fondamental pour moi que les étudiant·es aient le choix de s’engager ou pas dans toute activité proposée.

Dans le cas de la méditation ça me semble d’autant plus important que c’est quand même non habituel comme activité, et qu’elle implique (à mon avis) une bonne grosse sortie de zone de confort : fermer les yeux, être attentif à mes instructions, à leur âge c’est une énorme sortie de zone de confort, ça peut les amener à se sentir vraiment con, et avoir l’air con en public ça peut être hyper anxiogène (à tout âge 🙂 ).

J’ai donc démarré simplement en disant ça, que ça serait peut-être étrange ou dérangeant pour certain·es et qu’il était très important pour moi qu’elles et ils se sentent libres de quitter la salle avant le début de l’exercice. C’est aussi pour cela que j’ai choisi de proposer ça dans les dernières minutes de la séance.

Ensuite je leur ai dit qu’il y avait de très nombreuses études scientifiques qui montraient les bienfaits de la méditation sur tout un tas d’aspects, dont la concentration et le stress, et que personnellement c’était une bonne chose de ma vie aussi. Je leur ai aussi dit de ne surtout pas écouter ces études, ni m’écouter moi d’ailleurs, que le plus important était de s’écouter soi-même, de faire sa propre expérience et de prendre la décision pour soi : « ça me plait, je fais, ça ne me plait pas, je ne fais pas ». Ce morceau là a eu l’air de bien leur plaire d’ailleurs.

Après ça je leur ai dit que ça allait bientôt démarrer, que j’allais bientôt leur demander de fermer les yeux et de ne plus parler, et qu’il était toujours temps de sortir pour celles et ceux qui ne voulaient pas rester. Une personne est sortie ce jour là (un peu plus les fois suivantes).

La première séance

Ensuite c’était tout simple : je n’avais rien préparé, donc j’ai démarré comme je l’aurais fait pour des adultes consentants 🙂 en proposant de fermer les yeux, et ensuite de mettre son attention sur la respiration, puis sur les sensations corporelles.

Bon, évidemment, à 20 ans, entendre le mot « sensations corporelles » est un truc vraiment inhabituel, soit drôle soit anxiogène, en tout cas ça fait glousser une personne, qui se déconcentre, et embarque 5-6 autres personnes à rigoler dans son sillage. Bon, comme je suis au courant que rire est une stratégie pour évacuer la tension c’est comme ça que je le prends, et j’adapte le guidage pour accueillir le rire, accueillir la tension, dire que c’est ok, et quand on se sent prêt on peut revenir sur la respiration. Et finalement ça se pose, et on aboutit glorieusement à la fin de notre première méditation. Durée une minute trente. Ouf.

Au final j’aime bien leur énergie en sortie de salle, vachement plus calme que d’habitude. Moi je suis tendue comme un slip par contre, entre la trouille de me lancer, le gag des « sensations corporelles » et le soulagement que ça se soit bien passé, y a une tonne de tension à évacuer de mon côté, mais je suis super heureuse d’avoir osé et survécu.

Ensuite

Bon évidemment j’ai fait quelques ajustements après ça : exit les « sensations corporelles », je n’ai plus proposé que de l’attention sur la respiration, parfois avec comptage des inspirs et / ou expirs. J’ai aussi proposé de choisir entre fermer les yeux et regarder un point sur la table devant eux·elles. Et j’ai progressivement allongé la durée, jusqu’à 5 minutes (oui, faut pas pousser non plus, je suis quand même censée leur faire faire des maths). Et on a continué tout le semestre.

Feedback

Entre les discussions de sortie de salle et le petit sondage que j’ai fait au bout de quelques séances (pour voir si on continuait ou pas), j’ai pu avoir pas mal de feedback : certain·es n’accrochent pas (à la fin du semestre, 4 à 8 personnes sortaient), certain·es apprécient vraiment (trois personnes m’ont dit méditer à la maison), d’autres n’en ont rien à faire mais préfèrent toujours ça aux maths, et le gros des troupes aime bien le côté « parenthèse calme » au milieu de leur journée de dingue. D’ailleurs, au bout d’un moment, en fin de séance je n’avais même plus à signaler que c’était l’heure, les affaires se rangeaient, les yeux se fermaient et le calme se posait tout seul.

Moi j’ai adoré ça aussi, sentir la transformation de l’énergie était vraiment un truc magique : on aurait dit que la sortie de la salle en fin de cours se faisait dans un champ de paix, de détente et de douceur, comme une méga vague de bien-être, à la fois en moi, sur leurs visages et dans l’énergie de la salle, trop bon.

Conclusion

En conclusion je suis super heureuse de cette expérience. Pour être totalement honnête, j’avoue qu’il me reste quand même un petit résidu de « je dois vraiment passer pour une dingue à proposer ce genre de trucs à la fac« . Et en même temps l’expérience est hyper agréable à vivre, ça contribue vraiment pour certain·es des étudiant·es, ça donne du sens à mon job aussi de pouvoir ouvrir sur autre chose, alors je vais continuer 🙂

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4 commentaires

  1. Merci pour ce merveilleux retour d’expérience qui tombe parfaitement bien ;)! Quelle synchronicité!! Je souhaiterai aussi proposer cela à la faculté où j’ai réalisé mes études!! Un grand merci pour tout ce que vous faites! Je serai ravis d’en discuter avec vous! Au plaisir de vous lire! Très belle journée à vous

  2. Ping :Y aller malgré la peur de me lancer - maëlle nodet

  3. Ping :On n'enseigne rien à personne ! Ou comment être une profe heureuse... - maëlle nodet

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