Aujourd’hui c’est chacalounet chéri qui tient le clavier, et je me dis que ça serait une chouette illustration que de lui donner la parole pour une fois, de profiter du spectacle de sa gueulante, de le laisser faire pipi partout et d’être présente ensuite à ses côtés (s’il est d’accord) pour faire la traduction girafe. Ok ? Alors c’est parti…
Des chacals et des girafes
Une petite clarification si nécessaire : en Communication Nonviolente (CNV), on utilise deux animaux pour représenter les deux paradigmes de communication entre deux êtres (ou deux parts d’un même être) à un moment donné.
Le chacal représente le mode habituel de fonctionnement, qui exprime ses jugements, ses interprétations, ses évaluations, en général sans en prendre la responsabilité pleinement, et plutôt en rendant l’extérieur (un.e ou plusieurs autre.s, la nature, etc.) responsable de ce qui l’agite.
La girafe (choisie pour la taille de son coeur et la vision surélevée que lui offre son long cou) représente le mode de fonctionnement proposé par la CNV, qui traduit ses jugements, fait la distinction entre ses interprétations et la réalité, prend la pleine responsabilité de ses sentiments et de ses besoins, et s’exprime d’une manière qui contribue à privilégier la qualité de la connexion sur le résultat attendu.
Avec le sous-entendu qu’un chacal est simplement une girafe qui a des petites difficultés d’élocution, et que rien n’est bien ou mal en soi (simplement, ces deux modes d’expression ont des conséquences très différentes sur la qualité de la connexion). Et avec le sous-entendu supplémentaire qu’en moi à chaque instant cohabitent plein de chacals, quelques girafes, et qu’elles.ils sont tou.tes l’expression de la vie en moi, et à ce titre qu’elles et ils sont toutes et tous les bienvenu.es !
L’objectif de la CNV est en effet non pas de bannir les chacals mais bien au contraire de les accueillir comme l’expression (souvent tragique) de besoins en moi, et de les traduire, pour après pouvoir m’exprimer d’une manière qui contribue à créer le monde dans lequel je veux vivre. Du coup moi j’ai de la tendresse et de la gratitude pour mes chacals intérieurs, qui m’apportent beaucoup d’information, et qui sont bouillonnants de vie… J’aime bien, à ce titre, les appeler « mes chacalounets chéris ».
Chacalounet chéri s’exprime !
(oui, chacalounet a encore fait un tour sur Facebook ce matin, il a lu des tas de trucs de développement personnel et spirituel et voilà le résultat…)
Y en a marre de lire et d’entendre à plein d’endroits des choses comme ça :
- libérez-vous des émotions négatives
- guérissez vos blessures émotionnelles
- nettoyez la boue de votre inconscient
- détruisez toute forme de négativité
- débarrassez-vous une bonne fois pour toutes de la négativité
- etc.
Et oué merde, y en a marre, y en a ras le cul ! Ma psyché, mon coeur, mon cerveau ne sont pas des cuves à purin, je n’ai pas à être nettoyée, guérie, débarrassée, libérée, rien de rien bordel ! Vous avez envie, vous, d’aller vers quelqu’un s’il vous regarde comme si vous aviez des tâches de bouillasse partout, ou qui vous respire avec le nez froncé comme si vous étiez un pâté de crottes d’Albus et Ulysse ? Ben moi non, désolée, ça ne m’aide pas, j’ai pas envie d’aller rencontrer quelqu’un qui me parle comme ça. Ça ne m’aide pas et ça ne me réjouit pas du tout du tout d’entendre et de lire tous ces trucs plus hauts, tout ce qui implique que je ne suis pas, telle que je suis ici et maintenant, le parfait cadeau imparfait d’une vie qui s’expérimente en tant qu’être humain normal, limité, et merveilleux tel quel.
Ben ouais, c’est vrai quoi, comment pourrais-je avoir envie de partager quoi que ce soit avec quelqu’un qui ne me voit pas comme une merveille ? J’ai pas envie, moi, d’offrir un cadeau à quelqu’un qui le trouve moche et puant avant même de l’avoir déballé. Comment est-ce que des coaches, des accompagnateur.rices, des psys, des écoutant.es peuvent avoir un tel regard sur un autre être humain ou sur elles.eux-mêmes, une telle violence, un tel refus ? Comment c’est possible ça, hein ? Comment peut-on imaginer progresser en écrasant ou en reniant l’être qu’on a été jusque là ?
Ah, pas trop content mon chacalounet là on dirait. Nan pas du tout. Pfffff. C’est vrai, quoi, merde, y a des conséquences pourries à cette vision des choses ! Et le plus énorme c’est que ça me semble totalement, complètement évident, alors je sais même pas par quel bout m’expliquer. Les conséquences pourries elles sont par exemple, en vrac :
- perso, déjà, moi je refuse de me livrer face à quelqu’un qui voit une tâche de merde sur moi ;
- du coup si je tente de me livrer quand même, ça va résister à fond (oué, la résistance chère à Freud, bon sang de bordel), ça va forcer, ça va faire mal au passage, ça génère de la violence à l’intérieur (et ça peut recréer une blessure supplémentaire !) ;
- et même si ça passe, j’en fais quoi de cette « émotion négative », de cette part de moi imparfaite, je la jette sur le bord du chemin comme une vieille chaussette ? Je sais pas vous mais moi ma psyché elle refuse qu’on jette des morceaux d’elle-même sur le bas côté, et elle fera tout ce qui est en son possible pour que je revienne m’en occuper, et ça veut donc dire pour moi que le « problème » ne sera pas du tout résolu ;
- et bien au contraire d’être résolu ça va être bien pire, parce que si je lui fais ce coup là une fois, ben je vais ramer pour l’approcher la prochaine fois, paske elle va pas être trop trop d’accord de se montrer facilement, et elle va se planquer (et les émotions négatives qui se planquent ça fait des trucs bizarres dans le corps des fois).
Ça me gonfle d’autant plus d’entendre ça dans la bouche de gens qui ont choisi comme job d’accompagner d’autres êtres. Merde, quand on accompagne on fait pas n’importe quoi !
D’autant plus qu’il en existe des approches qui sont douces (voir la liste plus bas…), qui regardent les tâches sur ma chemise comme l’expression d’un truc très précieux en moi, qui n’attend que de la douceur et de l’accueil, afin de déposer ses bagages et se détendre un peu. J’adore ce que dit Jeff Foster, je n’ai pas besoin d’être guérie, j’ai besoin d’être câlinée et accueillie (« held, not healed »).
J’ai déjà écrit ça ici 400 fois, et je ne peux pas m’empêcher de le réécrire, je suis convaincue que le truc le plus apaisant pour un être humain c’est justement d’être accueilli avec douceur, de manière inconditionnelle, sans intention de guérir ni même d’apaiser. Pour le redire en plus court : lâcher la volonté d’apaiser est justement le plus court chemin vers l’apaisement. Le « simple » accueil tendre et bienveillant suffit. Bon je mets des guillemets là évidement, parce que si c’était si simple tous les accompagnateur.rice.s de la planète le feraient, non ?
Aterrissage
Bon, il se détend un peu chacalounet on dirait. Ça lui fait du bien de vider sa vessie. On dirait qu’il est d’accord pour tenter une traduction de ce qui se passe.
100% ma responsabilité
Maintenant que l’intensité s’est un peu calmée, j’ai repris un peu mes esprits et je me souviens que quand je dis qu’un autre (ou des autres en l’occurence) fait n’importe quoi, je suis en fait en train de parler d’un truc qui ME concerne, pas l’autre. Tant que je veux éduquer, convaincre ou changer l’autre, j’ai mon regard vers l’extérieur et je perds une merveilleuse occasion de voir ce qui parle en moi. Avec ça en tête, je peux tourner mon attention vers moi et me questionner : qu’est-ce qui me stimule tant là-dedans, qu’est-ce qui est si dur pour moi ? Là j’ai l’impression que la réponse est écrite noir sur blanc dans les lignes plus haut : dans le fond j’aspire à être aimée, reconnue, accueillie exactement telle que je suis, là où j’en suis.
C’est pas encore ça
Non ce n’est pas encore tout à fait ça. En effet, j’ai fait ce chemin d’accueil, de reconnaissance et d’amour, de moi à moi, j’ai (beaucoup moins qu’avant en tout cas) moins besoin que tout cela me soit apporté de l’extérieur. Et puis j’ai pas vraiment besoin d’un tel accueil sur un truc comme Facebook, je sais où le trouver si j’en ai besoin à l’extérieur de moi. Et j’ai de la clarté que tant que je persiste à croire que les autres font n’importe quoi et ne devraient pas faire ça, je n’ai pas encore mis le doigt sur l’essentiel pour moi. Alors, qu’est-ce qui se passe vraiment chez moi, en moi, uniquement en moi, réveillé et révélé par mes lectures sur Facebook ?
Aaahh ça y est, il y a une part de moi dans l’ombre, qui commence à montrer le bout de son nez 😃. C’est une part qui date d’il y a quelques années, quand j’ai démarré un chemin de « développement personnel », quand j’ai commencé à me trouver un peu nulle en plein de trucs et à vouloir progresser en autant de trucs. Cette part de moi trouvait que celle que j’étais à l’époque n’était pas assez digne d’un être humain évolué : pas assez connectée à son corps, pas assez proche de ses émotions, trop dans sa tête, etc.
Aujourd’hui je réalise que j’ai bien câliné depuis, et appris à aimer telle quelle celle que j’étais, mais que la part « en colère » n’a pas vraiment eu sa dose de câlins et de reconnaissance, elle. Mmhh, c’était donc ça la virulence de tout à l’heure, c’était pour que j’oublie pas cette part de moi, celle qui un jour aussi avait voulu que je sois mieux que ce que j’étais déjà. Celle-là elle aspirait simplement à ce que je goûte une belle vie, profonde et riche. Mmhh. Ça s’apaise on dirait, elle est contente d’avoir été vue celle-là, et de sentir que je l’aime comme toutes les autres parts de moi. Et ben…
Retour vers les autres
C’est beaucoup plus calme aussi, je suis maintenant en mesure de me connecter à ces êtres qui proclament me débarrasser définitivement de ma négativité, je peux imaginer qu’ils ont simplement envie de partager les moyens qui leur ont permis à eux de goûter plus de joie et de richesse dans leurs vies, que leur élan de contribution est à la mesure de ce qu’ils ont gagné et souhaitent maintenant partager au plus grand nombre. Et, tenant tout contre moi la part qui hier me trouvait nulle, je peux avoir de la tendresse pour ces êtres, le même regard tendrement amusé que celui que je pose sur elle.
Et c’est donc tout à fait en paix avec tout cela que je peux maintenant passer à une page de pub pour les accompagnements individuels que je connais qui se font dans la douceur :
- l’accompagnement individuel par la CNV (AI-CNV),
- la maïeusthésie,
- l’IFS (internal family system),
- les MAI® (et autres approches certifiées et/ou recommandées par I. Padovani)
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« le truc le plus apaisant pour un être humain c’est justement d’être accueilli avec douceur » : oh oui, je suis d’accord à 100%
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