« Comme tu veux »… Ou comment prendre la responsabilité de mes ressentis

Aujourd’hui je vous propose une petite illustration de ce que ça donne pour moi « prendre 100% ma responsabilité ». Ce truc constitue une bonne grosse partie de ma réflexion en ce moment et ça me plait vachement.

J’ai découvert ça grâce à Issâ Padovani en février dernier. Pour résumer, quand je suis stimulée par un truc je tente désormais maintenant de prendre totalement la responsabilité de la stimulation (au lieu de rejeter la faute sur l’autre).

Alors soyons bien clairs, quand je dis « 100% ma responsabilité » :

  1. je n’enlève pas à l’autre la responsabilité de ses paroles et de ses actes ; simplement, j’arrête de croire que MA réaction est de SA faute ;
  2.  je ne fais pas ça pour me taper dessus ou culpabiliser ou quoi, je fais ça car je vois désormais toute colère ou émotion un peu forte comme un cadeau génial pour découvrir un truc précieux en moi, je fais donc ça pour moi parce que ça me plait et que ça a du goût d’aller ainsi à ma rencontre ;
  3. je ne fais pas ça non plus avec comme intention celle de me calmer ; les fois où j’y suis allée ainsi tout a bloqué évidemment : tant qu’il reste en moi l’idée de changer ma réaction, je n’ai accès à rien, aucune intuition n’émerge, les choses restent bien planquées, elles ne se montrent que lorsqu’elles ont l’assurance que je viens juste les écouter sans vouloir les modifier en quoi que ce soit.

Le contexte : « c’est comme tu veux »

Le contexte est tout simple : une petite discussion tendue entre deux êtres (dont moi) où l’objectif est de faire un choix sur quelque chose (une sortie, un dîner, une organisation de journée, un truc plutôt anodin en fait, pas un méga choix existentiel). Pour diverses raisons c’est tendu, on n’est pas vraiment d’accord, on ne s’entend pas très bien, et la petite phrase fuse dans mes oreilles « bon, c’est comme tu veux, décide ».

Option 1, jouer à « qui a tort, qui a raison »

C’est un super jeu, je suis super forte à ça. Moi voyez-vous je fais de la Communication Nonviolente, et je crois que c’est vraiment nul de dire « c’est comme tu veux », alors je vais entreprendre d’expliquer ça à l’autre en détails :

Tu vois, quand tu dis ça tu me donnes la télécommande pour une décision qui te concerne (ou qui nous concerne) et moi je n’en veux pas de cette télécommande. Tout comme je refuse que tu prennes le pouvoir sur moi, je refuse aussi que tu me demandes de le prendre sur toi ou sur nous. Ça m’énerve quand tu dis ça, je suis stimulée, et tu devrais savoir ça depuis le temps. Et bla et bla et bla… 

Classe hein ? Un an et demi de CNV pour en arriver là, ça fait rêver hein… Et le pire c’est que je ne suis pas la seule à faire ce genre de conneries, comme on peut le voir par exemple sur cette vidéo d’Issâ Padovani… Enfin…

C’est d’autant plus tragique pour moi de m’exprimer ainsi qu’au milieu je dis vraiment des choses importantes :

Je souhaiterais entendre comment c’est pour toi plutôt que décider seule, je voudrais qu’on puisse décider ensemble, en discutant si besoin, parce que j’ai vraiment à coeur que la solution nous convienne à chacun. Moi je rêve de « pouvoir avec les autres » et pas de « pouvoir sur les autres », de responsabilité partagée, de joie de décider ensemble, et surtout de satisfaire les besoins de chacun.

Bon, la conséquence c’est que je joue à qui a tort qui a raison, et c’est un jeu où tout le monde perd, moi comprise. En ne prenant pas la pleine responsabilité de mon agacement j’éduque à tour de bras et ce n’est plaisant pour personne. Et très accessoirement c’est totalement inefficace pour vivre mon rêve d’harmonie, de respect, d’écoute mutuelle et de synergie pour nourrir les besoins et aspirations de tout le monde.

Option 2, prendre 100% ma responsabilité : mais qu’est-ce qui m’arrive là ?

La première étape pour reprendre la responsabilité de mes émotions, c’est de prendre conscience que je suis stimulée, agacée. Alors même que le sujet est anodin, ma réaction est disproportionnée. Et comme en plus ma réaction est prévisible et je suis impuissante à la modifier, j’ai un signal fort ici qu’il y a en moi un truc important qui a besoin d’être entendu. Et là je reprends mon pouvoir : je peux mettre ça sur la liste des trucs à aller regarder avec l’un.e de mes accompagnant.es, avec la pleine confiance que ma réaction est simplement le symptôme qui va me mener à un cadeau merveilleux, qui est en moi et attend d’être rencontré.

Ma réaction, ma responsabilité

A ce stade là, je peux me détendre, je sais que je suis pleinement responsable de ma réaction, et j’arrête de croire que l’autre est coupable de mon agacement. C’est mon histoire personnelle, mon paysage intérieur qui fait ça. Je suis à ma limite ici, et c’est vraiment 100% mon problème : si je n’avais pas cette sensibilité, je ne serai pas affectée ainsi, l’autre n’est vraiment pour rien dans cette histoire.

Mon pouvoir : qu’est-ce que j’ai envie de vivre ?

Maintenant que je suis au clair sur ma responsabilité je peux me questionner : qu’est-ce que j’ai envie de vivre (en attendant de rencontrer le truc en moi qui provoque cette réaction) ? Est-ce que je veux conserver mes oeillères et mes boules quiès et faire semblant de croire que c’est la faute de l’autre ? C’est tout à fait possible évidement, et ça serait tout à fait ok. Seulement moi c’est pas ça que j’ai envie de vivre !

Alors c’est parti, qu’est-ce que je veux ? Je souhaite vivre la prise de responsabilité, individuelle et partagée. Je souhaite que les besoins et aspirations de chacun soient entendus, les miens tout comme ceux de l’autre. Alors j’agis, et je donne ce que je souhaite recevoir. Je prends ma responsabilité (= je dis ce que j’en pense moi), je laisse (ou je rends…) la sienne à l’autre (= je demande ce que l’autre en pense), et je demande que la discussion ait lieu pour décider ensemble. Par exemple ça pourrait donner :

  • « Elle me plait bien cette idée, je te laisse voir comment c’est pour toi et on en discute si tu es ok ? »
  • « Sans y avoir trop trop réfléchi j’ai pas hyper envie de faire ce truc, et en même temps j’aimerais vraiment entendre comment c’est pour toi et voir comment on pourrait prendre la décision ensemble. Tu serais d’accord de me dire ce que tu en penses ? »
  • etc.

Mon pouvoir (bis) : me faire accompagner

C’est le truc magique : chaque énervement devient un point sur ma liste des choses à voir, ça devient un cadeau vers une part de moi qui attend d’être rencontrée, entendue et reconnue. Je trouve ça juste génial en fait, ça change complètement mon rapport à la colère et aux conflits. Ces moments là, au lieu d’être terriblement inconfortables en menaçant mon besoin d’harmonie, deviennent de précieux pointeurs vers un déploiement personnel.

Et le résultat, sur ce genre de petits agacements quotidiens, est en général rapide : à l’instant où ce qui criait en moi a été entendu et reconnu, l’énervement s’apaise, et la phrase « c’est comme tu veux » devient mille fois moins stimulante, tout au plus elle génère un sourire intérieur tendrement amusé, et une pointe de gratitude d’avoir été attentive et d’avoir pris le temps d’écouter tout cela.

Ça vous inspire ? Laissez en commentaire le premier petit pas possible que vous aimeriez mettre en place après cette lecture !

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6 commentaires

  1. C’est un article intéressant, je trouve aussi qu’on apprend énormément de nos émotions. Je le pratique aussi et je trouve qu’il est plus facile d’avancer avec un regard extérieur qui pousse la réflexion à avancer un cran à la fois pour aller à la source, la vraie raison profonde. Spontanément on s’arrête à la première raison et on l’accepte comme vérité universelle parce qu’il semble normal de fonctionner de la façon dont on fonctionne.
    En l’occurrence je n’ai pas la prétention d’être ce regard extérieur mais je voudrais pousser la réflexion plus loin en tout cas pour ce qui est de l’exemple cité parce que le sujet me parle : puisqu’on a toujours le choix de prendre la responsabilité de ses envies sans les imposer à l’autre ou bien prendre la responsabilité d’accompagner l’autre dans son envie, pourquoi vouloir forcer les choses ?
    Cette histoire de partager, c’est quoi qui est derrière ? Pourquoi vouloir que deux personnes aient envie de la même chose ? Est-ce qu’il est possible que deux personnes aient autant de plaisir dans la même activité ? Pourquoi rechercher cet état de fait et ne pas attendre qu’il se produise spontanément en lâchant prise sur la relation ?
    J’adore le concept de se chercher dans nos réactions en tout cas.

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