Coucou, alors aujourd’hui j’ai envie de parler de choix et de décisions. C’est proche, et distinct, et j’avais des tas de trucs à dire, j’ai fait deux articles du coup (l’autre est ici, il s’intitule : Je n’arrive pas à prendre cette décision).
Je pars ici du postulat que si je fais un choix (a priori pas facile hein, sinon c’est facile…) alors j’ai dû renoncer aux autres possibilités. Autrement dit, je suis en position de faire un choix et les différentes options sont incompatibles, je ne peux pas tout avoir en même temps.
Evidemment, ce n’est pas toujours le cas… En particulier : me suis-je suffisamment bien penchée sur la question ? Ai-je bien entendu toutes les parts de moi ? Les ai-je fait se parler entre elles, s’écouter mutuellement ? Parfois je crois que je n’ai que deux options contradictoires, alors qu’en réalité j’ai beaucoup plus d’options pour satisfaire les besoins de ces parts et que je peux mettre en oeuvre des stratégies qui satisfont tout le monde.
Un petit exemple tout simple où tout est conciliable
Disons que j’ai une part de moi qui veut absolument aller faire la sieste et une autre qui veut absolument faire du sport. Dit comme ça évidemment c’est contradictoire. Cherchons les besoins qui se cachent derrière ces actions proposées. Pour la part qui veut dormir, il y a un fort besoin de repos, parce qu’elle est fatiguée de sa semaine. Pour celle qui veut faire du sport il y a l’envie d’être en bonne forme physique, d’avoir un corps dynamique. Celle-là dans le fond elle veut que je prenne soin de moi. Est-ce qu’elle a compris que la sieste contribue à prendre soin de moi et de mon corps aussi ? Non elle n’avait pas compris, mais maintenant elle voit qu’effectivement faire du sport épuisée ça ne va pas produire l’effet escompté. Du coup elle est d’accord pour dormir d’abord, et ensuite voir si le sport est envisageable.
Bon là c’est juste un exemple, ça aurait pu donner totalement autre chose hein. Par exemple la part qui voulait dormir peut tout aussi bien avoir besoin de ressourcement dans le fond, la sieste est juste une façon de le faire. Et celle qui veut faire du sport a peut-être simplement besoin de mouvement, de bouger. A ce niveau là je peux réfléchir à une stratégie pour nourrir à la fois le besoin de mouvement et celui de ressourcement, par exemple en allant faire une balade dans la nature.
La CNV (Communication Nonviolente) est un processus idéal pour traduire les parts de soi et les aider à ses rejoindre au niveau des besoins, et permettre de faire émerger, au-delà de l’opposition initiale, des stratégies nouvelles qui peuvent prendre en compte tous les besoins.
Bon ça c’est pour les cas faciles, les cas où il va être possible de nourrir les besoins de toutes les parts (quitte à le faire en différé, pas de manière simultanée, et avec des moyens tout différents de ce qui était initialement envisagé). Il y a évidemment des cas où c’est bien moins simple et où la situation est vraiment celle d’un vrai choix avec renoncement : si je choisis ce truc, alors je dis non à tout le reste.
Bien sûr il arrive parfois que le choix ne soit pas irréversible, que je puisse à tout moment revenir en arrière et faire un autre choix, mais là aussi ça supposera que je fasse un choix unique et que je dise non à tout le reste, de la même manière. Ainsi, l’idée « je peux revenir en arrière » c’est cool mais ça risque de me faire oublier que choisir c’est vraiment renoncer. Bon, c’est pas mal les illusions en soi, sauf que là ça ne m’aide pas à vivre mon choix pleinement.
Boooooooon, tout ceci étant dit, je suis enfin prête à démarrer. Un jour peut-être j’arriverai à écrire des articles courts et synthétiques, mais disons que pour aujourd’hui ça reste vraiment de l’ordre du rêve… Donc voilà, je viens juste de faire un choix, disons même que je suis contente de mon choix, que j’estime avoir fait le meilleur possible pour moi maintenant.
Choisir c’est renoncer
C’est bien connu comme aphorisme, n’est-ce pas « choisir c’est renoncer ». D’ailleurs ça fait pas mal réfléchir sous les cheveux, vu ce que renvoie une requête google à ce sujet, de choisir est-ce renoncer ? à non, choisir ce n’est pas renoncer, y a du matos. Bon, et ben c’est pas paske c’est bien connu que c’est bien connu, c’est bien connu non ? (sinon la règle de trois, qui est bien connue, serait aussi connue du ministre de l’éducation)
Ben non, c’est bien connu mais pas bien intégré. Allez, j’arrête les généralités culpabilisantes et je vais vous parler de moi. Le nombre de fois où je me suis retrouvée avec un choix passé qui me revient dans les dents via une part de moi énervée, ben ça fait un bon gros tas de trucs pour avoir de quoi vous parler des jours. Si je fais le tri dans mes difficultés, je peux faire trois tas :
- je n’ai pas fait le ou les deuils associés à mon choix ;
- je doute d’avoir fait le bon choix ;
- je n’ai pas conscience que j’ai fait un choix.
Je détaille le contenu de mes tas plus bas.
Choisir et renoncer c’est faire un deuil, ou plusieurs
Ça c’est pour toutes les fois où j’ai bâclé mon choix, où je suis allée trop vite en écoutant les différentes parts de moi, soit parce que je n’avais juste pas les moyens de le faire, soit parce que je me suis dit que c’était pas la peine.
Par exemple, j’avais deux parts en conflit face à un choix, genre l’une veut s’inscrire à cette formation et l’autre veut économiser des sous pour autre chose, et il y a eu une prise de pouvoir d’une part sur l’autre. Genre moi qui veux aller en formation je décide de manière unilatérale que c’est bon pour moi et je me bouche les oreilles à ce que dit l’autre part, style j’investis sur moi, j’ai raison d’abord, c’est moi qui sais mieux que toi, blablabla. Et un peu plus tard, lorsque le choix a été fait, posé, qu’il est définitif, y a l’autre qui revient à la charge « oui, mais moi j’avais bien dit que c’était pas raisonnable, et comment on va faire maintenant, et c’était bien inconsidéré de faire ça » et blablabla. Là je suis en train de vivre la conséquence de n’avoir pas pris soin d’accueillir pleinement les deux parts au moment du choix (ou juste après). Du coup ça grince super fort en moi, je regrette, ça balance… En gros la deuxième part tente de prendre le pouvoir à son tour. Et je rame pour faire a posteriori cet accueil, qui est beaucoup plus doux quand il est fait au moment du choix.
Prendre le temps du plein accueil
Maintenant quand j’en ai les moyens je prends le temps d’accueillir complètement la part du truc que je ne choisis pas, et j’en fais un vrai deuil, je célèbre les besoins pas nourris par le choix, j’accueille les émotions que cela génère, et j’accepte de prendre la vague de plein fouet, je la laisse me traverser pleinement.
Pleinement c’est le mot important ici, pleinement. Renoncer c’est faire un deuil vraiment, totalement, complètement, pleinement. C’est prendre tout le temps et l’espace nécessaire pour accueillir la tristesse, la frustration (et autres) associées au renoncement. C’est le plein accueil de mes limites, de mon impossibilité à tout nourrir en même temps. C’est pleurer, crier, écouter, rester avec. Rester avec sans vouloir d’apaisement, être prête à rester avec pendant un temps infini si nécessaire. C’est ça qui paradoxalement peut produire l’apaisement : que mon intention soit simplement d’accueillir (et non pas de vouloir calmer).
Pour résumer, j’ai gagné de la détente en changeant de paradigme interne : au lieu d’une prise de pouvoir d’une part de moi sur les autres, il y a eu une médiation interne, un dialogue et une écoute des parts entre elles (compétence acquise entre autres avec la CNV et par imprégnation de ces deux vidéos d’Issâ Padovani : Médiation entre deux aspects de soi ; Envie de ne rien faire)
Si je passe à côté de cet aspect important du choix, que j’oublie de faire le deuil de ce qui n’est pas choisi, le deuil non achevé me poursuivra. Non pour me punir ou me le faire payer, mais simplement pour se rappeler à mon souvenir, pour me rappeler à sa façon qu’une douleur en moi n’a pas été entendue. Ça pourra se traduire par des choses très diverses, auto-sabotage, pensées répétitives, évènements fortuits que j’attire. En gros, la part de moi qui n’aura pas été deuillée fera tout son possible pour que sa frustration et sa tristesse soient entendues, et non pas laissées sur le chemin. Bon c’est jamais trop tard pour faire ça et pour accueillir une part de soi oubliée en route…
Douter d’avoir fait le « bon » choix
Ça c’est le deuxième tas. C’est la question de savoir ce qui est vraiment « bon » pour moi. Avant, cette question était importante pour moi. Maintenant, c’est autre chose, ça c’est beaucoup calmé tout ça…
Je suis convaincue aujourd’hui (et je le vérifie par l’expérience à chaque instant) que je fais toujours le meilleur choix possible, au vu de mes moyens du moment. Je n’ai aucune façon d’imaginer les conséquences futures. Et même si je pouvais prévoir l’avenir, quelles conséquences devrais-je regarder pour décider si le choix a été bon ou pas ? Les conséquences immédiates, à 1 mois, 1 an, 10 ans, toute ma vie ?
Aujourd’hui j’utilise tous les moyens à ma disposition, n’importe quoi qui me correspond, et je pose mon choix, et il sera juste. Pour moi ce sont tous mes outils de travail (la CNV, le Travail de Byron Katie, l’enseignement d’Issâ Padovani, celui d’Arnaud Desjardins, de Franck Lopvet, de Marianne Williamson, le Yi Jing, le focusing, la maïeusthésie, dormir, écrire, …), pour quelqu’un d’autre ça sera l’exploration rationnelle des conséquences (recherche, réflexion, tableaux excel, perspectives, statistiques, etc.), ou tout autre possibilité.
Et si jamais ça merde, si j’ai des regrets ou des remords et que je ne peux pas revenir en arrière, j’ai « simplement » un nouveau deuil à faire…
Et ma responsabilité dans tout ça ?
C’est le troisième tas, celui des choix dont je n’avais pas conscience. Un petit exemple : il y a quelques années je passais beaucoup de temps à râler que je n’aime pas faire passer des examens et mettre des notes aux étudiant.es, parce que je trouve ça stressant pour tout le monde, pas constructif, que ça maintient l’ambiance bâton – carotte, et plein d’autres trucs. Un jour j’ai pris conscience que c’était en fait un choix non assumé dont je n’avais pas encore pris la responsabilité : en croyant que je « devais » mettre des notes à mes étudiant.es à l’université avec des examens, j’encourageais la part rebelle en moi à dire que non non non elle ne voulait pas en mettre.
Le jour où, grâce à Stephen Covey et sa proactivité, j’ai réalisé que j’avais le choix pour tout, ça a bien changé… Aujourd’hui, je vois donc que je suis face à un choix : soit je refuse de mettre des notes au nom de cette part qui veut changer de paradigme dans l’éducation et l’évaluation, et j’en assume les conséquences vis à vis de mon institution universitaire (envers moi pour ne pas remplir ma fonction : sanctions, blâmes, autres) ; soit j’accepte de mettre des notes pour avoir la paix côté professionnel, et je prends soin de faire le deuil de mes aspirations à évaluer les étudiant.es autrement.
Le jour où je transforme un « je dois » en « je choisis » je gagne plein de trucs. D’abord, mon pouvoir et ma liberté ! C’est moi qui choisis, j’ai vraiment toujours le choix (sauf cas extrême de soumission par la force physique). Et en retrouvant le choix, je retrouve ma capacité à faire le deuil de ce que je ne choisis pas.
Bon ça marche pas tout le temps évidemment, il m’arrive encore de croire que je n’ai pas le choix ou je suis contrainte de dire oui… A posteriori, quand je réalise ce qui se passe, je peux revisiter le choix et récupérer mon pouvoir de faire un deuil et de me rendre la vie plus belle. Et petit à petit ma vie est plus douce…
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